Parle plus fort!

Parle plus fort! Je ne t’entends pas! Tu peux répéter? Monte le son!

Parfois, j’ai l’impression que mon prénom c’est parle plus fort et mon surnom je ne t’entends pas.

Un peu comme quand j’étais petite, période pendant laquelle, j’ai longuement pensé que mon nom c’était range ta chambre et mon prénom mouche ton nez

J’entends ces demandes à longueur de temps alors que moi, j’ai juste l’impression de m’exprimer de manière intelligible et surtout avec la voix qui porte de manière normale.

Ni trop basse, ni trop haute. Une belle voix douce et mélodieuse, vous voyez?

Et ça dure depuis longtemps?

Depuis que je suis tétraplégique, au même titre que mon souffle, mon niveau sonore a diminué.

Sans que cela soit un réel problème, puisque jusqu’ici, je m’en moquais un peu et je répétais presque par habitude.

Mais aujourd’hui, à la veille de ma première montée sur scène – petite la scène, n’imaginez pas que je suis à Bercy demain- je prends conscience que cet air qui me manque va peut-être m’apporter une difficulté supplémentaire pour briller telle l’étoile du berger. Je m’emporte un peu c’est évident.

Cette capacité pulmonaire de petit poulet, qui au quotidien n’est pas vraiment compliquée à gérer, m’amène à relever le défi de réussir à hausser la voix sans piailler, sans hurler, sans m’étouffer, sans avoir l’air complètement perchée comme on dit ici dans le sud.

Et donc, on fait quoi?

Alors, je lis des articles sur le sujet “comment parler haut et fort” et les conseils sont les suivants:

  1. Tenez-vous bien droite. Bien, on oublie le point 1…
  2. N’ayez pas peur de dire n’importe quoi. Alors là, je maîtrise. Sur ce point, rien à m’apprendre.
  3. Ouvrez la bouche bien grande. C’est bizarre ça non? Vous parlez tous la bouche grande ouverte vous? Hum! Point suivant…
  4. Ralentissez votre débit. De ce côté, ça dépend des situations, mais, je crois être dans la normalité.
  5. Parlez fort. Ben oui, c’est exactement ce qu’on essaye de faire, ces conseils sont très avisés dis donc…
  6. Ecoutez la radio ou la télévision pour vous inspirer. On parle de quelles émissions exactement?
  7. Pratiquez. Enregistrez-vous et écoutez-vous. Bon. Ah oui. Ok, c’est vrai qu’on n’entend pas grand-chose. Et puis, c’est quoi cette voix?! Rien à voir avec celle que j’entends dans ma tête. Oh! Mon Dieu!
  8. Vivez les histoires que vous racontez. Mettez un maximum d’intonation dans vos paroles. Okayyyyyyy!!! Là, il faut faire gaffe quand même à mon avis.
  9. Appuyez sur votre diaphragme. Ah oui, le fameux souffle qui vient d’en bas, du ventre, pour augmenter le volume. Purée, je m’entraîne mais je vois des petits points blancs devant mes yeux, c’est normal ça?
  10. Chantez. Oui, mais là aussi, l’ensemble de la maison me regarde bizarrement. Et quand je passe en voix de tête, ça rigole! Donc, bon, si personne ne reconnaît mon talent comment veux-tu?!
  11. Criez sans hurler. Je vois oui. Je crie souvent à la maison mais je crois que je hurle aussi. Il faut que je demande à ma fille, elle doit savoir elle si je crie ou si je hurle. Visiblement, si je crie, c’est bon signe, je suis en progrès.
  12. Entraînez-vous. Mais, je ne fais que ça, depuis des semaines. J’ai l’impression que l’ensemble de mes voisins connaît la pièce que je vais jouer vendredi sans même l’avoir vue!

Bon, il me reste TROIS jours pour travailler ma voix. Et augmenter le volume. Trois jours pour rattraper 28 années de murmures. Rien n’est impossible, je relève le défi!