Ma fille. Mon être sensible.

Nous sommes à moins d’une semaine de ton départ en vacances ma belle et voilà que ton angoisse monte, tes sentiments se mélangent, ton envie est toute aussi forte que ta peur…

Je le vois dans ton regard, dans tes gestes, dans cette façon que tu as de me serrer contre toi quand est venu le moment de la journée où l’on se raconte nos moments préférés. Juste avant de se dire bonne nuit.

Qu’est-ce qui se passe ma puce? Il y a quelque chose dont tu voudrais me parler?

Je te laisse te raconter. Si tu en as envie. Si tu en as besoin. J’attends. Mon stress est bien présent lui aussi mais je le garde pour moi, mon ange. Inutile d’en rajouter.

J’ai peur qu’il t’arrive quelque chose !

Qui va te tenir les portes ?

Qui va tenir ton fauteuil si il glisse quand tu sors de la douche ?

Qui va te donner ce qui est trop bas ou trop haut ?

Et pour la voiture, c’est plus simple si je suis avec toi !

Je te regarde tellement belle, tellement touchante, tellement toi !

Maman, j’ai peur.

Maman, je ne veux pas te laisser.

Maman, tu es sûre que ça va aller ?

Maman, deux semaines sans moi, c’est peut-être trop long, tu ne crois pas ?

Je te réponds, je te rassure, je te rappelle que tout ce qui compte, c’est ce qui dans tes prochaines vacances va être beau, trop cool : la joie, les surprises, la famille qui t’attend, les activités que tu vas faire. Je te parle de l’enfance et des souvenirs gravés à jamais, de l’innocence, de la vie…

Mais mon ange, mon amour, mon soleil, mon cadeau du ciel, j’y pense aussi à ça…

Et, je me dis, et si toute cette peur était ma faute ?

Et si, inconsciemment, j’étais responsable du fait que toi et toi seule, tu ne vois que mes difficultés, mes besoins, ma dépendance.
On prend tellement vite l’habitude de solliciter nos proches, on profite de cette aide à portée de main.

Je prends l’habitude et j’oublie, j’oublie que toi tu t’inquiètes, que toi tu vis aussi avec mes difficultés, avec la différence, avec une maman différente.

J’oublie que toi tu aimerais de temps en temps être une petite fille comme les autres et c’est bien normal !

Alors, tu vois, je garde tout ça dans un coin de ma tête et je te promets d’y être attentive. Encore plus !

Tout ceci, ma princesse, même si je sais aussi que je ne suis pas que cela à tes yeux !
Je sais que tu connais ma force et ma ténacité.

Je sais que TU ES force, courage, exception. Je sais que TU ES indépendance, indulgence, contre l’injustice. Je te sais déterminée, sensible, hyper-sensible. Je sais que tu nous aimes, que tu nous testes aussi mais que ton attachement est fort et rare. Je sais que c’est dur pour toi de dire, de montrer, d’exprimer. Et c’est une victoire pour moi ces confidences. Je mesure ma chance, cette confiance qui nous lie l’une à l’autre.

Je t’aime, et je te protège.

Vis ta vie d’enfant et ne t’inquiète pas. Surtout ne t’inquiète pas.