Je me lève et je te bouscule
Tu n’te réveilles pas
Comme d’habitude
Sur toi je remonte le drap
J’ai peur que tu aies froid
Comme d’habitude
Ma main caresse tes cheveux
Presque malgré moi
Comme d’habitude
Mais toi tu me tournes le dos
Comme d’habitude
Ah oui?! Vraiment?! Pour ce cher Claude, et son corps de poulet tout sec, c’était comme cela tous les jours?
Parce que, soyons clair, ma version de Comme d’habitude, c’est plutôt:
Je me lève et je te bouscule
Je t’réveille pour la seconde fois
Comme d’habitude
La couette, j’emmène avec moi
Tu vas crever de froid
Comme d’habitude
Mon coude atteint tes cheveux
Promis malgré moi
Comme d’habitude
Et là, tu me tournes le dos
Comme d’habitude
Et ceci, n’a rien à voir avec mon poids, ma taille ou le fait que je chante complètement faux. Non. Rien à voir avec tout ça.
Chaque nuit, pour diverses raisons, comme ne pas avoir de rougeurs, diminuer les points d’appui, éviter les douleurs, me réchauffer, me refroidir, je me retourne un paquet de fois dans mon lit. Dans notre lit.
Chaque nuit, c’est trois ou quatre fois qu’avec des gestes les plus délicats possibles, une concentration totale et la vision nocturne du hibou en quête d’une proie, je tente de ne pas réveiller celui qui courageusement évite les coups – ou pas – dans mon lit depuis presque 20 ans!
Mise en situation:
6h15! Le réveil pour mon homme va sonner dans 45 minutes… Après réflexion, je ne tiendrai pas jusque là… Il faut que je me retourne… Une dernière fois…
Pour ça, je vais devoir me redresser sur mes coudes, pousser sur mes bras, m’assoir, déplier mes jambes, me mettre sur l’autre côté, enlever les plis des draps, remettre mes jambes convenablement pour ne pas qu’elles se touchent, replacer mon oreiller et remonter la couette… SANS réveiller mon homme… Pleaaaaaaaase… Car tout le monde sait que ces dernières minutes de sommeil sont les meilleures ou les pires si elles sont perturbées!
Quel challenge! Quel défi! Quel suspens! Un thriller!
Cette ultime fois, qui va l’emporter? La version de Claude ou la mienne?
Juste un petit soupir, Je l’ai assommé? Non! Il se retourne et Oh! Miracle, je crois qu’il dort toujours!
Je peux respirer, souffler et me rendormir satisfaite.