Mon cher Ryanair,
Déjà une semaine depuis nos derniers rendez-vous et tu sais mon Ryanou, je suis toujours aussi déçue. Je reste tellement surprise par ces retrouvailles mitigées vécues le week-end dernier. Je suis sans voix.
Que s’est-il passé? Ce n’était pas une première pourtant, on commençait à se connaître toi et moi. On avait passé cette phase de mystère, cette phase où tout est nouveau et où les petits couacs nous paraissent encore mignons, plein de charme.
Tu sais tout de moi depuis le temps, mon âge, mon poids, ma taille, les mensurations de mon fauteuil, mes besoins, mes envies. Je ne t’ai rien caché, je sais que c’est inutile. Je n’en suis pas à mon premier rendez-vous de ce genre. Pardonne mon expérience.
J’ai même pris les devants, je t’ai rappelé tous ces détails avant de te revoir, au cas où tu m’aurais oublié… Et le jour tant attendu, au premier de nos deux rendez-vous fixés, j’ai pris soin d’arriver longtemps à l’avance, de me préparer, de tout te réexpliquer, de me mettre à nu devant toi. J’ai attendu avec la grande étiquette bien visible accrochée à mon fauteuil pour que tu me reconnaisses parmi la foule…
Et pourtant…
Et pourtant…
Le premier jour, tu semblais ailleurs, tu ne m’as pas fait la cour comme les autres fois. Tu m’as laissé attendre sur le bord du tarmac pendant que tu faisais passer tout le monde devant moi parce que tu avais soif.
Je peux comprendre, tu arrivais de loin et il faisait chaud…
Mais quand enfin, tu es venu vers moi, tu avais oublié tous mes besoins alors j’ai patienté encore un peu et le stress est monté.
Et puis, ce qui devait arriver, arriva. Avec cette longue attente, j’ai eu une envie pressante. Il fallait donc que je sois à l’arrière de ton avion et pas au milieu, comme tu l’avais prévu…
D’ailleurs, la dame que tu avais mise à la place que j’ai finalement occupée et à qui tu avais demandé un supplément pour lui réserver cet honneur, n’était pas très contente. Ben oui, c’est normal, Ryanair, mets-toi un peu à la place des gens parfois…
Bref, après avoir réussi, je ne sais toujours pas par quel miracle, à me soulager – dans cette toilette minuscule et non, Ryanou, pas du tout accessible, on en a déjà parlé mille fois – j’ai rejoint cette place totalement inconfortable laissée par cette autre personne que tu as déçue… Elle aussi…
Bon, on avait décidé de se revoir deux jours plus tard, alors je t’ai quitté avec la nausée, parce qu’en plus tu as volé comme un sauvage, mais avec la certitude que tu allais te rattraper, que tu étais distrait par ma beauté sans doute… Un simple moment d’égarement…
Mais non…
Non, cette fois encore, tu t’es comporté comme un goujat! Là, Ryanou, tu as poussé le bouchon un peu loin!
L’attente une nouvelle fois…
La priorité, la galanterie… Aux oubliettes!
L’écoute, enfin quoi?! Juste l’écoute, dis, tu m’écoutes quand je te parle?! Je t’ai dit cent fois que je ne marche pas. Je ne marche pas, non, même pas un petit peu, je suis une “complète” comme tu dis. Donc, quand je te le répète une heure avant notre rendez-vous, et pour la millième fois depuis qu’on se connaît, une heure après, les choses n’auront pas changé. Donc tu prévois le lift, la petite chaise qui passe partout et les personnes qui vont t’aider à me faire passer un moment de rêve. Tu prévois, tu n’oublies pas! Tu me traites bien. Comme une reine. Ben oui, Ryanair, on aurait dû passer un bon moment, toi et moi, on aurait dû! Mais tu as fait tout de travers.
Tu ne m’aimes plus c’est ça? Le fauteuil, les contraintes, c’est devenu trop lourd pour toi? Oh! Comme ça me déçoit!
Tu sais quoi?! La prochaine fois que j’aurai envie de m’envoyer en l’air, il se pourrait bien que je choisisse quelqu’un d’autre!
A bon entendeur…