Peut-on rire de tout ?

Merci à Karim pour la rédaction de cette anecdote.

Ne vous y trompez pas: les handis ont un sacré sens de l’humour. Et même un sacré sens de l’auto-dérision. Du moins ceux que je côtoie. Du moins, CELLE que je côtoie… Car qui, croyez-vous, m’a raconté en premier l’histoire du mixeur*?

Bref, en devenant Mr Stéphanie, j’ai appris, moi aussi, à me moquer (plus ou moins) gentiment des sourds, des mal-voyants, des trisomiques, des unijambistes, des hémiplégiques et, surtout, des chaisards, comme ils s’appellent entre eux (lisez “paraplégiques et tétraplégiques” – soit ceux qui se déplacent en fauteuil).

Le hic, c’est que l’humour handi ne passe pas toujours bien en société…

Ce soir-là, pourtant, nous étions à table avec une bande de très bons amis. Le genre d’amis qui ne font plus attention au fauteuil depuis bien longtemps. On discute. On débat. On s’engueule. On se réconcilie après quelques verres. Et on plaisante, bien sûr: pour entrer dans le cercle amis, le sens de l’humour est une condition primordiale. La discussion dérive sur les chaussures à la mode du passé. Tout y passe. Les Kickers. Les Jordan. Les Streetball. Les Palladium.

Quelqu’un s’emballe: “Et les chaussures à semelles compensées? Qui a eu des chaussures à semelles compensées?” 

Je réponds, du tac au tac: “Sûrement pas Stef! T’imagines, avec la hauteur des talons, elle aurait eu les genoux à hauteur du menton!”

Fou rire de la principale intéressée.

Silence pour le reste de la table qui oscille entre incrédulité, consternation et offuscation.

Pierre Desproges avait raison. On peut rire de tout. Mais pas avec n’importe qui! 🙂

* Pour ceux qui ne connaissent pas:
“Quelle partie du légume ne passe pas dans le mixeur?”
Le fauteuil roulant…