Nous sommes jeudi, je me prépare, Carine va arriver. Cet après-midi, je suis de corvée vais faire les courses et, comme d’habitude, j’ai oublié de “driver”.
Pour dire la vérité, je “drive” de moins en moins ces derniers temps, parce que corvée ou non, les courses, c’est aussi un moment où je sors, où je croise du monde, où je fais des choix et en plus, en parcourant les allées du magasin, j’ai l’impression de faire de l’exercice.
En fait non, ce n’est pas une impression. Mais l’exercice, après une heure, c’est un peu fatiguant.
Au même moment, colette (prénom d’emprunt), s’apprête à rejoindre son poste. Elle est caissière au supermarché. Elle adore ce métier, elle aime ce contact avec les clients, elle se régale de certaines rencontres.
Mais aujourd’hui, elle est un peu stressée car elle a en charge la caisse prioritaire pour les personnes à mobilité réduite. Elle va devoir refuser du monde, “gendarmer” un peu et elle n’aime pas ça.
J’ai tout trouvé, je crois que je n’ai rien oublié (évidemment qu’il manque des trucs), je me dirige vers la caisse qui m’est spécifiquement dédiée.
C’est génial, dans ce magasin, il me suffit de me présenter devant le tapis roulant, de décrocher le téléphone pour signaler ma présence et dans la minute, arrive la caissière. Parfois, elle me demande ma carte prioritaire, parfois pas. Le fauteuil est malgré tout un gros indice…
La caisse est reconnaissable de très très loin, elle est centrale dans le magasin, il y a au moins trois panneaux expliquant la priorité et à qui elle s’adresse mais pourtant…
Colette arrive, soulagée de voir le fauteuil je crois, elle sourit.
Bonjour, on y va?
Carine met tout sur le tapis, Colette scanne les courses tout en échangeant quelques mots sympas avec nous. Demain, il y a 190 millions à gagner à l’euromillions, on se dit que surtout on ne doit pas oublier de jouer et on partage nos idées pour dépenser notre futur pactole.
Arrivent deux hommes très pressés.
On veut passer là.
Colette se crispe un peu et demande gentiment si ils ont une carte prioritaire.
Prioritaire de quoi?!
Elle reste calme (plus que moi!) et explique le sens du mot prioritaire.
Non! Et alors?! Je dois aller ailleurs?!!!!
Colette répond que oui, c’est comme ça.
Péripatéticienne pas propre va!
Non, le monsieur gros con n’a pas dit ça, je doute qu’il comprenne seulement ce mot! En gros, devant nous et sans aucune gêne, il vient de traiter Colette de sale pute!!!!!!!!
Choquées! Toutes les trois! J’ai presque envie de prendre Colette dans mes bras tellement j’ai trouvé ça pourri!
Je la remercie pour sa disponibilité, lui souhaite bonne chance pour le tirage de demain et je m’en vais…
C’est une belle journée ensoleillée, Colette va terminer sa journée avec je l’espère seulement le souvenir d’avoir rendu service à pas mal de monde aujourd’hui…