Le monde des bisounours: la cour de récré.

Bien que j’y travaille depuis des années et que je prépare ma puce à vivre certains moments difficiles, les voir arriver réellement ne les rendent pas moins désagréables pour autant.

Quand elle était petite et que les regards des autres enfants ou leurs parents pesaient sur moi, mon bébé n’y voyait aucun mal. Ou du moins, elle avait ce recul de petit bout pour qui l’essentiel est que maman l’aime, soit heureuse, positive et ouvre ses bras suffisamment grands pour pouvoir s’y blottir dans les moments moins rigolos.

Et aux petites questions et autres paroles sur sa maman différente, ma toute petite fille faisait front avec une détermination époustouflante et répondait avec spontanéité et innocence.

Mais les années passent. Les petites remarques souvent inconscientes se transforment, évoluent, deviennent critiques, attaques gratuites et méchanceté ciblée chez certains de ces petits êtres devenus des enfants qui tentent de garder le contrôle, la tête haute et de se faire une place dans la cour de récré.

Alors tout se durcit, tout devient force et combat. La douceur n’est plus de mise et répondre, se défendre et avoir explication à tout est devenu la norme.

Et quand on est plutôt sensible, quand on préfère mettre des mots sur une différence, quand on préfère expliquer plutôt que répliquer, quand on privilégie la discussion au conflit, quand la différence est juste la normalité, la cour de récré devient une zone un peu moins confortable.

Ma puce en a fait les frais bêtement et gratuitement la semaine dernière.

Un de ses camarades de classe qui pourtant me voit depuis plus d’une année à la sortie de l’école, lui a fait du mal.

Ce petit homme – qui n’a d’un ange que le prénom visiblement – lui a dit sans raison apparente et sans que le sujet soit tourné vers moi:

Ta maman elle est bête et moche! Si elle est handicapée, elle l’a bien mérité, c’est sa faute! C’est bien fait pour elle!

Ma fille a hésité longtemps à me raconter cette histoire. Elle avait peur de ma réaction et surtout honte de n’avoir pas répondu!

Ca m’a touché! Moi qui l’accompagne du mieux que je peux dans cette réalité pas toujours rose, j’ai compris que ce n’était pas gagné. Que ma poulette, bien que forte en apparence et bourrée de qualités, n’a pas réponse à tout.

J’ai pensé:

Oh! Le petit con, parce qu’il est malin lui?!

Mets lui une claque de ma part à ce petit morveux!

Je vais me le faire à la sortie!

Dis lui bien que toi et moi, on s’en fout de ce qu’il pense!

Et tout un tas de truc bien pourris…

Et finalement, après avoir ramassé ma mâchoire et rassemblé les morceaux de mon cœur éparpillés, je n’ai rien trouvé de mieux à lui dire que:

Je suis désolée, c’est trop nul!

Je t’aime fort!

Mais, j’ai promis. J’irai les voir, leur expliquer, leur montrer que la différence est notre force.

PS: A suivre: Le monde des bisounours: le supermarché.