Merci Eric pour l’anecdote. La rédaction c’est moi.
Eric est tétraplégique, un vrai tétra haut, pas un tétra de “luxe” comme ils s’appellent entre eux.
Il bouge la tête, les épaules et un peu les bras, enfin les avant bras, pas trop le reste…
Eric a un sourire gravé en permanence sur le visage, c’est le grand frère que beaucoup rêverait d’avoir. Il vous parle créole, anglais, français, peu importe, il a l’accent qui chante et qui sent bon le sud.
Chaque année, Eric passe les mois d’été dans un centre de rééducation. Le centre est aux portes de l’Espagne, entre mer et montagne, il y fait beau et chaud, y a pire comme endroit pour se remettre en forme, surtout qu’il y règne aussi, en juillet et août, une atmosphère de fêtes et de délires en tous genres.
Ce soir là, Eric passe la soirée au bar-resto situé dans la crique en contrebas du centre. L’ambiance est torride, l’alcool coule à flot, Eric danse, enfin bouge la tête et les épaules quoi, il chante, ça pas de problème, il boit, il fume, en gros, il s’éclate et se la met à l’envers. Une soirée normale à la “Case à Pépé”.
Mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin, demain il va falloir assurer en kiné. Il faut rentrer.
Il est 2 heures du matin, Eric commence à remonter tranquille la longue pente qui conduit au centre. Mais, pris dans le feu de l’action, il a oublié un petit détail… Recharger son fauteuil électrique.
Et ce con de fauteuil tombe en panne au milieu du trajet. Il fait nuit noire et Eric le sait, peu de personnes vont passer par cette route de montagne en pleine nuit. Il est mal, c’est la galère!
Il sait qu’il va devoir attendre que quelqu’un passe et, il est soulagé puisque c’est ce qui arrive. Plusieurs voitures le dépassent alors, Eric fait des signes, agite autant qu’il le peut l’avant bras. Et les gens sont extrêmement polis, ils lui répondent tous… Par des petits signes et ils continuent leur chemin.
Oh “le con de ta mère” crie bien fort Eric, légèrement dégoûté…
Il va rester une heure comme un con lui aussi en panne sur cette route avant qu’un stagiaire du centre le croise et se rende compte qu’il a un problème.
Et ils en mettront presque une de plus pour pousser les 200 kilos du fauteuil mis en roues libres pour arriver à destination…
La nuit a été courte pour ces deux là.