Oh put%£§/.¨^ Pardon…

Sur la route, oui, j’ai connu des soucis, de quoi devenir fou, oui…

Attention, je dois vous prévenir tout de suite, ce billet parle sans doute un peu moins de handicap que de situation handicapante et surtout, surtout, il compte beaucoup, énormément de gros mots. Enoncés clairement et pensés très fort!

Il y a une chose bucolique – non ça, ce n’est pas un gros mot- que j’ai découverte quand je me suis installée dans le sud de la France, c’est tous ces charmants petits villages en circulades. Oh! C’est si mignon, si « cute« , si typique et si foutrement chiant si tu t’engages dedans en voiture! Enfin, surtout, si tu vas au cœur de ces petites villes. Si tu suis, bêtement, ces jolies petites rues qui finissent par te conduire en leur centre historique, où ne passaient pas à l’époque nos putains de grosses bagnoles d’aujourd’hui!

Oui, je vous avais prévenu, et encore là, c’est rien, je suis sage.

Juste avant notre expatriation, j’ai réalisé l’achat d’une belle voiture classe qui vaut de l’or, pas tellement par son prix de départ- si un peu – mais surtout par le prix des adaptations pour que je puisse l’utiliser. Les personnes handicapées sont des alchimistes, elles touchent une voiture, l’achètent, la déposent chez un adaptateur et pouf (ça, ça peut être un gros mot si vous voulez)! Son prix s’enflamme comme si elle se transformait en or, c’est de la magie et du foutage de gueule aussi. C’est comme ça…

C’est ainsi qu’un jour de printemps, ma petite famille et moi, nous nous promenons autour d’un petit village et décidons qu’il est temps de rentrer. Je conduis et branche le GPS pour reprendre la route car, oui, je suis une bille en orientation! Je suis nulle, c’est comme ça, je me perds tout le temps et ce, même si j’ai déjà fait le trajet avant.

Cette saloperie de GPS a dû se dire que j’adorerais voir le centre de cet endroit, et m’emmène donc sur des routes, des chemins, des ruelles plutôt où bientôt ma voiture, d’après-moi, ne peut plus passer! Impossible de faire demi-tour. Impossible de reculer, c’est trop tard, et surtout, encore plus compliqué que d’avancer même si je dois y laisser quelques morceaux de ma carrosserie!

La colère monte, la panique me gagne, j’ai le sang qui bout et je vais exploser…

Mais bordel, comment je vais sortir de là? Ça ne passe pas, merde!

Mon mari, qui me connaît, tente de me calmer. Il sort de la voiture. Par le coffre, puisqu’il ne reste que quelques foutus centimètres, de part et d’autre, entre les murs des maisons et mes portières. Et le voilà, en train d’essayer de me guider.

Oh my god! Lui, il va prendre cher le pauvre!

Ok, un peu à droite, non, stop! Doucement! Un peu à gauche…

Si je touche, c’est simple, dans ma tête, à ce moment-là, je le tue, en l’ayant maudit avant, un maximum…

Putain! Mais, putain! Non, je ne peux pas, je vais toucher, tu vois pas que ça touche?!

Et là, ma fille qui s’en mêle…

Hannnnnnnnnnnnnnn! Maman, t’as dit un gros mot! Tu dois dire pardon!

Fuck! Tu sais quoi ma chérie, je vais continuer un peu, bouche toi les oreilles, je m’excuserai après, promis!

Bon, je fais quoi maintenant, je continue d’avancer? Je tape encore et encore sur le volant? Je fais venir un hélico pour soulever la voiture et la sortir de ce merdier? Je continue d’hurler comme une possédée, je fonce, j’accélère et je pète tout? J’ai aussi déjà pleuré et ça n’a rien changé.

Non! C’est bon! J’arrête! Je respire et je me calme, je fais confiance et j’écoute… Sachez que faire cela est extrêmement difficile pour moi, mais là, je n’ai vraiment aucune autre solution, et je n’ai plus que quelques gros mots en stock…

Après une bonne demi-heure de serrage de fesses, de dents, de guidage et d’écoute, on arrive à un chemin un peu plus large, puis sur une route normale. Je suis en sueur, tout le monde peut souffler, je m’excuse auprès de mon patient mari et de ma fille bien élevée. Et mon carrosse en or est indemne! Un miracle!